Ivy est bien loin d'avoir le profil physique de la survivante. Petite, frêle (un mètre cinquante-huit pour quarante-sept malheureux kilos), elle arbore un visage juvénile, lui donnant un air naïf et laissant paraître une fragilité plus qu'évidente. Cependant, malgré ses traits plutôt doux et sa silhouette chétive, ses prunelles aux reflets noisette portent sur le monde un regard sombre et méfiant, souvent cassé par les verres de ses lunettes ; et la dureté de ses pensées et de son mental transparaît sur son visage émacié, souvent fermé.

Depuis le début de l'apocalypse et que toute cette merde lui est tombée dessus, elle n'a ni le temps, ni l'envie de prendre soin d'elle-même, aussi ses cheveux sont-ils laissés à l'abandon et sa coiffure n'est vraiment structurée que par la position dans laquelle elle se réveille. Le teint blafard, son corps et sa peau portent les séquelles des privations de nourriture et du manque de sommeil de ces derniers mois, même si pour une raison qu'elle ignore, elle ne porte aucune plaie de sa morsure, tout comme la cicatrice abdominale due à l'ablation de son appendice ou celles sur genoux - souvenirs épidermiques d'une chute à vélo quand elle était gamine - ont disparu.

La demoiselle n'a jamais été une grande sportive, aussi ne possède-t-elle pas une grande force physique et n'a vraiment que la peau sur les os. C'est à peine si elle parvient à traîner sa propre carcasse au rythme d'une démarche énergique mais fébrile, transpirant la nervosité ; et pourtant, elle sait faire preuve d'une très grande dextérité manuelle dès que ses doigts fins et agiles commencent à trifouiller des trucs, surtout lorsqu'il s'agit d'assembler des pièces ou de démonter une machine.

Si son allure ne suscite pas vraiment de sentiment de réconfort chez les autres et qu'elle n'apparaît pas comme une présence physique rassurante, son attitude et sa posture franche - souvent hautaine - trahissent en réalité l'estime et la confiance qu'Ivy a en elle et en ses capacités intellectuelles ou manuelles, lui conférant une sorte d'aura et de charisme difficile à déceler. Sa voix grave, légèrement rauque et cassée, si on ne l'entend pas souvent, a une certaine tendance à être écoutée.

Ivy n'a jamais été du genre à se laisser marcher sur les pieds, malgré une présence physique réduite à epsilon ; puisant surtout dans cette faiblesse pour renforcer son caractère. Tenant une très haute estime d'elle-même, elle apparaît de prime abord comme une personne hautaine et désagréable, juchée sur un piédestal fait d'un amoncellement de connaissances, d'intelligence et de logique. Bien plus intelligente que la moyenne des individus, elle a toujours dénigré la force brute et la violence comme solutions à un problème, ces réactions ne constituant à ses yeux que de simples aveux d'échecs face à l'insoluble, ou encore l'expression de la frustration des abrutis. Parfaitement consciente qu'elle ne tirera jamais son épingle du jeu par son physique, elle est extrêmement mal à l'aise avec l'idée d'avoir recours à la force ou à la violence pour se sortir d'une situation, et préférera toujours la fuite à l'affrontement, le repli stratégique face à l'improvisation totale.

Extrêmement exigeante envers elle-même, elle exècre l'échec, mais déteste encore plus la lâcheté de ceux qui refusent d'essayer ; et elle a tendance à souvent attendre des autres qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes au même titre qu'elle. Douée d'un grand sens des responsabilités et de l'organisation, elle a beaucoup de mal à se remettre en question, et ne supporte pas qu'on le fasse. Franche et autoritaire, elle ne rechigne jamais à dire qu'elle pense, se révélant souvent blessante avec ses pairs, et hésite rarement à faire ce qu'elle estime nécessaire pour son bien et le bien de tous. A ses yeux, le monde n'est qu'une immense équation qui tend vers un équilibre, et rien n'arrive vraiment par hasard. Adepte de la théorie du chaos, elle est intimement persuadée que ce qui arrive a une explication rationnelle et que tout acte, aussi infime soit-il, fini toujours par avoir des conséquences. C'est en cette conviction qu'elle tire son espérance que tout finira par s'arranger, à condition de faire les bons choix et les bons sacrifices, d'agir dans le sens du bien commun au-delà du bien individuel.

Mais au-delà de sa franchise et de son arrogance, Ivy n'est pas une personne très bavarde et n'aime guère s'épancher sur ses véritables sentiments. Elle a pris l'habitude de se dissimuler derrière cette carapace dure et désagréable, parfois violente dans ses propos, pour mieux dissimuler ses véritables émotions, ses peurs comme ses doutes, ses peines comme ses joies. S'il est aisé de savoir ce qu'elle pense, il est bien plus difficile de savoir ce qu'elle ressent ; et bien qu'elle ait une affreuse tendance à se mentir à elle-même à ce sujet, elle apprécie en réalité la compagnie des autres. En somme, c'est une jeune femme qu'il est difficile d'approcher, encore plus d'apprivoiser, mais qui se révèle, une fois qu'un lien de confiance est établi, plutôt ouverte d'esprit et à l'écoute de son prochain. Elle ressent une empathie sincère à la souffrance des autres, proportionnelle au degré de complicité qu'elle peut nouer ; et aura toujours tendance à aider son prochain plutôt que de l'abandonner à son sort, consciente que la solidarité et l'entraide seront les seules solutions valables sur le long terme pour venir à bout des obstacles. Néanmoins, elle refusera d'aider quelqu'un plus que de raison, ou qui passe en réalité son temps à compter sur les autres pour se tirer de toutes les situations, estimant que l'entraide doit fonctionner sur le principe du donnant-donnant ; et n'hésitera pas à laisser en plan un quelconque boulet qui n'apporterait rien à l'ensemble.

Si Ivy n'aime pas spécialement commander ou diriger ses semblables, elle apprécie cependant avoir le contrôle sur les choses et les événements qui l'entourent ; et c'est très souvent cette raison, cette peur de l'imprévu qui la pousse à prendre les rênes d'une entreprise ou d'un projet, sans parler de la satisfaction personnelle qu'elle ressent en cas de succès, une manière détournée de plus de flatter son ego.