Histoire
Une enfance en enfer
« Ethan !!! Viens ici, p'tit merdeux ! Je te jure que tu vas le sentir passer, celle-là ! »Jackson titubait en marchant dans le couloir à cause de la grande quantité d'alcool qu'il avait ingurgité. Tenant une ceinture à la main, il cherchait son fils unique dans chaque pièce de la maison. Ethan n'avait que 5 ans, mais il était habitué à la colère de son père. Dans l'état de ce dernier, lorsqu'il buvait plus que de raison, il devenait très violent. Et ivre, Jackson l'était souvent depuis qu'il avait perdu son emploi juste après la naissance de son fils, la famille ne vivant que des maigres aides de l'Etat. La pauvreté n'aidait pas le père de famille à se sortir de son alcoolisme, et donc de la violence dont il faisait preuve à l'égard de ceux qu'il devrait aimer et protéger au lieu de faire preuve de cruauté. Le petit garçon restait caché sous son lit, terrifié, tremblant de tous ses membres. Mais son père finit par le trouver et le tira sans ménagement de sa cachette, avant de le frapper avec la ceinture, chaque coup redoublant de force. Ethan criait, pleurait, et plus il se débattait, plus il souffrait. Tout ça pour un vase accidentellement renversé, brisé sur le sol.
Jackson savait où frapper pour que la trace violacée des coups ne se voit pas sans déshabiller l'enfant. Même à travers les vêtements, la morsure de la ceinture était brutale. Et comme d'habitude, pendant que le petit se faisait battre, la mère de famille, Sarah, restait prostrée dans la cuisine. Elle faisait comme si elle n'entendait rien, trop apeurée par son mari pour venir protéger son propre enfant. Egalement victime des violences de Jackson, la femme préférait ne pas attirer l'attention pour éviter les coups, même si l'époux risquait de tuer le garçon à tout moment. Tel était le quotidien d'Ethan qui vivait un véritable calvaire depuis sa petite enfance sans que personne ne soupçonne rien. Jackson savait s'y prendre pour que la trace des coups n'attirent pas de question, et Ethan ne parlait à personne de ce que lui faisait son père. Le monde extérieur ne voyait de lui qu'un enfant replié sur lui-même, timide, parlant très peu. Il ne se plaignait jamais d'une quelconque douleur, car le paternel lui avait promis la correction de sa vie si quelqu'un venait poser des questions dérangeantes sur lui. Et s'il y avait quelque chose que Jackson refusait, c'était la prison où il n'aurait plus l'emprise néfaste et perverse qu'il avait sur sa famille.
Un jour, alors que Ethan avait 7 ans, ce dernier reçut une nouvelle correction. Cette fois-ci, Jackson le bouscula si fort que le garçon perdit l'équilibre. Dans sa chute, il se cogna la tête contre le coin de la table basse. Le choc lui arracha un puissant cri de douleur, car la table venait de lui entailler l'arcade sourcilière, le faisant saigner abondamment. Sarah hurla et se précipita pour s'occuper de son fils, tandis que Jackson resta stoïque, avalant une nouvelle gorgée de whisky, sans s'inquiéter un seul instant de l'enfant qui continuait de pleurer, souffrant.
« Jackson, il saigne ! Il faut appeler les secours ! »La chose à ne pas dire. Jackson empoigna la chevelure de sa femme, et la tira violement à lui, savourant le cri de douleur qui traversa ses lèvres.
« T'as pas intérêt à prévenir qui que ce soit, t'as compris ? »Tremblante, Sarah se mit à sangloter, avant d'acquiescer à ses paroles. Elle était trop terrifiée pour tenter de faire entendre raison à son époux. Elle le savait : si quelqu'un venait à la maison, et découvrait Ethan dans cet état, nul doute qu'un lien entre la blessure du garçon et la violence de son père serait découvert. Après quelques secondes, Jackson finit par lâcher sa femme, puis il commença à s'éloigner, indifférent du sort de son enfant.
« Hors de question qu'on l'emmène à l'hôpital ! Je ne vais pas dépenser du fric pour ce gamin ! Démerde toi ici ! »Avant de quitter la pièce, l'homme se retourna vers son épouse, menaçant, en la pointant du doigt.
« Et fais lui fermer sa putain de gueule !!! Ou c'est moi qui le ferait taire ! » cria-t-il pour couvrir les pleurs de son fils, avant de disparaître.
La mère de famille s'occupa d'Ethan comme elle le put, avec les moyens du bord. Par chance, le garçon s'en tira avec une simple blessure physique. Mais bien visible pour ne pas passer inaperçu.
Lorsque Ethan retourna à l'école, arborant un pansement au niveau de son oeil, la peau violacée par endroit, le personnel de l'établissement s'inquiéta suffisamment pour l'envoyer à l'infirmerie. Ethan avait beau leur expliquer de sa voix effrayée qu'il était tombé en jouant, personne ne le crut. Le médecin de l'école découvrit alors quelque chose qui l'horrifia en examinant attentivement le garçon. Plusieurs traces sur son corps, notamment sur son dos, ses fesses et même son abdomen. Il prévint aussitôt la directrice de l'établissement, qui se chargea d'appeler les services sociaux. Ces derniers lancèrent alors une enquête sur les conditions dans lesquelles vivaient Ethan. Lorsque les enquêteurs se présentèrent au domicile, Jackson devint fou de rage, et le garçon fut retiré immédiatement à sa famille pour sa propre sécurité, le temps qu'une décision finale soit prise.
Ethan fut placé dans un foyer jusqu'à ce que ses parents finissent par ne plus avoir la garde de leur fils. Jackson fut condamné entre autres pour violences sur mineur, tandis que Sarah fut reconnue coupable de non assistance à personne en danger, bien qu'elle écopa d'une peine plus clémente en raison de la domination qu'exerçait son mari sur elle. Une nouvelle vie commença pour Ethan, mais hélas, pas une vie meilleure. Le garçon n'avait que 9 ans lorsqu'il fut placé dans une famille d'accueil, restant à Chicago, sa ville de naissance, pour le perturber le moins possible. Mais au lieu de s'épanouir comme un enfant normal, les sévices de son père et l'indifférence de sa mère l'avaient détruit. Après plusieurs fugues, Ethan fut confié à une autre famille d'accueil. Puis une autre, après avoir frappé le second enfant de la famille. Puis encore une autre à cause de son comportement mêlant violence et rébellion à mesure qu'il grandissait.
Les erreurs de la jeunesse
Ethan hésita, fixant la cigarette qu'il tenait entre ses doigts, à la fois curieux et inquiet. William le fixait depuis quelques secondes. Il finit par sourire en secouant la tête.
« Allez mec, lance toi ! Elle va finir par te brûler les doigts à force d'attendre. »Le garçon approcha la cigarette de ses lèvres, et inspira profondément. Il finit par tousser à plusieurs reprises, expulsant la fumée. Une grimace apparut sur son visage, et lorsqu'il tendit l'objet à son ami, William éclata de rire. Celui-ci n'avait que 14 ans, comme Ethan, mais il prit la cigarette avec une aisance qui trahissait son habitude.
« C'est ... dégueulasse ... » lança Ethan entre deux toux.
« T'inquiète, tu finiras pas kiffer ça. »« Dans tes rêves, Billy. »« Arrête de m'appeler comme ça, c'est un surnom à la con. »Assis sur un muret qui surplombait l'autoroute, les jambes battant dans le vide, les deux adolescents scrutaient l'horizon. Ethan avait rencontré William dans son collège, et comme lui, il passait son temps à sécher les cours, préférant se balader en ville et faire les 400 coups avec son ami. Au grand désarroi de sa famille d'accueil qui n'arrivait pas à le contrôler pour faire de lui quelqu'un de bien.
« Toujours partant pour l'épicerie ? »« Bien sûr que oui, je ne vais pas te lâcher. Je ne suis pas comme Scott. »« C'est un con, il ne sait pas ce qu'il loupe. Qu'il aille se faire foutre, on gardera tout pour nous. »Ethan acquiesça d'un signe de tête. Scott, un autre membre de la petite bande, avait fini par renoncer à leur plan par peur de se faire attraper. Quelle flipette, celui-là. William lui tendit à nouveau la cigarette, et il commença à parler de ce qu'ils avaient prévu pour le week-end.
Tout ne se passa pas comme prévu. Braquer une épicerie par deux adolescents sans aucun moyen et inexpérimentés, c'était mission impossible. Ils n'avaient même pas eu le temps de s'emparer de l'argent de la caisse que le bruit des sirènes retentit en quelques minutes. Voyant les deux jeunes cagoulés s'approcher de lui, le vendeur avait eu le temps d'appuyer sur le bouton d'alerte pour prévenir la police. Ethan et William avaient échoué, embarqués au commissariat pour y passer la nuit. Vu leur jeune âge, le juge s'était montré assez clément. Mais plus le temps passait, plus les adolescents tentaient de faire leurs preuves dans le domaine de la délinquance. Et comme presque tous les délinquants, ils se faisaient souvent attraper.
Ethan s'enfonçait sur la mauvaise pente, suivant le chemin qui le conduisait régulièrement en garde à vue, puis devant les juges. Vols de voitures, rackets, détériorations de biens privés ou publics, bagarres avec des bandes rivales, menaces, le garçon avait déjà un casier judiciaire chargé pour son jeune âge. A 17 ans, il commit des actes de violence physique sur une victime qu'il était en train de voler, laissant libre court à l'éducation que son père lui avait donné par les poings. Il devenait peu à peu son propre père, l'homme qu'il haïssait le plus au monde. Cette fois-ci, il fut envoyé dans une maison de correction pendant 6 mois, où il apprit à travailler, à effectuer des tâches quotidiennes, à respecter les autres. Ce centre de redressement avait pour but de réinsérer les jeunes délinquants dans la société, afin de leur éviter la prison. Mais cela ne fonctionna pas sur Ethan qui se moquait de tout. A sa sortie, il retrouva avec joie sa petite bande, et recommença ses conneries, en faisant davantage attention pour échapper à la police. Cependant, il était connu à Chicago. Il valait mieux partir, et se refaire une vie ailleurs. L'un des membres du groupe, Esteban, disait avoir un cousin dans un gang à Houston, baptisé les "Hellsons". Enfin, un gang. Cela ressemblait davantage à une organisation criminelle. Contrairement à leur petit groupe, ces personnes faisaient partie d'un réseau s'adonnant au trafic de drogue, un maillon parmi tant d'autres dans un réseau plus vaste. Pour entrer dans cette "famille", il fallait être accepté par celui qui était surnommé le Big Boss, Lucas Walter, un cinquantenaire sévère qui n'avait pas froid aux yeux, et qui menait cette organisation dans l'ombre, sous les radars des autorités. Ethan réfléchit longuement à cette proposition. Il n'avait plus d'avenir à Chicago. Il savait qu'il était irrécupérable, et qu'il pouvait faire bien mieux que ses petits rackets ou les minables braquages de supérettes. Il décida de quitter la ville dès sa majorité, en compagnie de William qui le suivait comme son ombre. Esteban les accompagna, étant leur billet d'entrée pour la cour des grands.
Les Hellsons
« Allez, ne fais pas ta chochotte ! Tu es passé par là deux fois déjà. »« La ferme, Dalton ! »Dalton se mit à sourire, regardant Ethan se faire torturer par Holloway, le tatoueur du gang. Les traits du serpent commençaient à prendre forme sur son avant bras, et pendant ce temps, l'homme réprimait une plainte douloureuse. Malgré la remarque d'Ethan, Dalton n'avait pas la langue dans sa poche. Le jeune homme de 22 ans reprit la parole.
« Courage, c'est bientôt fini. Tu ne sentiras bientôt plus rien. »« Je t'ai dit de la boucler. La dernière fois que tu m'as encouragé, je voulais exploser ta gueule contre la table. »A leurs côtés, William se mit à rire aux paroles d'Ethan. Celui-ci eut un léger sourire, avant de serrer les dents en regardant le tatouage apparaître sur sa peau. C'était le troisième qu'il faisait dans sa vie. Le premier était une étape obligatoire qu'il avait obtenu quelques temps après son entrée chez les Hellsons, lorsqu'il avait fait ses preuves. Le tatouage du réseau représentait un cercle de chaîne dans lequel se trouvait deux dagues croisées. Tous les Hellsons avaient ce tatouage, signe de leur appartenance à cette famille. Ethan avait choisi l'omoplate, un endroit discret, caché aux yeux du monde extérieur lorsqu'il était vêtu. Quant au second, ses amis l'y avaient poussé. Tous les membres possédaient plusieurs tatouages, certains étaient même tatoués presque de la tête aux pieds, comme Dixon. Après avoir repris son sérieux, William s'approcha de son ami.
« A force, tu vas ressembler à Dixon. Une vraie peinture ambulante. »« Sûrement pas. J'en ferais probablement un dernier, mais ne comptez pas sur moi pour continuer. Je tuerais quiconque viendra me présenter ne serait ce qu'une ébauche de tatouage. »Un nouveau rire s'éleva dans le groupe, pendant que la séance se poursuivait. Le seul qui ne riait pas et qui restait dans son coin, c'était Steven Wright, un gars qui était encore plus glacial que Ethan, et qui le l'aimait pas vraiment. C'était réciproque.
« En tout cas, tu as fait bonne impression au Big Boss. Je pense qu'il t'apprécie beaucoup. »« Ah ouais, tu es sûr de ça ? Dans ce cas, pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? » lança Ethan en désignant sa main gauche bandée qu'il ne pouvait pas bouger pendant la séance de tatouage.
« Normal qu'il ait fait ça, tu avais fait une grosse connerie pendant une opération sans qu'il t'y autorise. Tu avais besoin d'une leçon. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne t'apprécie pas. »« Estime toi heureux, il aurait pu te faire bien pire. »Ethan poussa un léger soupir. Sa main le démangeait encore, depuis que Lucas l'avait empalée sur une table avec son couteau pour lui apprendre les bonnes manières. Le jeune homme avait défié le Big Boss, il avait fait quelque chose qu'il n'aurait pas dû, et cela n'avait pas plu à Lucas.
« Je l'ai déjà vu agir avec les autres membres. Avec toi, c'est différent, et je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué. Je parie tout ce que tu veux qu'il va faire de toi son bras droit. Tu as fait une connerie, d'accord. Mais il a confiance en toi. Ca fait seulement quelques années que tu es chez nous, mais Lucas t'a déjà confié des tâches qu'il n'aurait confié à personne d'autre. Et des tâches importantes. C'est bon signe, ça. »En entendant ces mots, Steven réagit au quart de tour. Il avait considéré Ethan comme un rival depuis l'arrivée de ce dernier dans le gang. Et voilà que maintenant, les autres parlaient de lui comme s'il allait devenir le membre le plus fidèle à Lucas. Il fit quelques pas en avant pour se placer devant Ethan.
« Toi, le bras droit de Walter ? Hors de question. Je suis là depuis bien plus longtemps que toi, mec. C'est moi qui serait son bras droit. Hors de question que tu prennes ma place, c'est clair ? »« Je te conseille de te calmer, Wright. Rappelle-toi de ce que je fais quand quelqu'un m'emmerde. Tu te souviens de ce type ? Celui que j'ai envoyé à l'hôpital ? Je suis sûr que sa propre mère ne l'a pas reconnu. Je te conseille de ne pas me faire chier ! »« C'est ce qu'on verra ! »Steven lança un regard noir à Ethan, puis aux autres membres du groupe, avant de tourner les talons et de s'en aller.
Dalton avait eu raison au sujet de Walter. Ethan était arrivé chez mes Hellsons lorsqu'il avait 21 ans. Mais après plusieurs années à travailler pour Lucas, à lui tenir tête autant qu'à lui obéir et à bien faire son travail, le Boss le remarqua de plus en plus, au détriment de Steven qui se mit à éprouver peu à peu une véritable haine contre Ethan. Celui-ci finit par gagner la confiance de Walter, si bien que, comme son entourage le lui avait prédit, il devint son bras droit lors de sa vingt neuvième année, étant l'un de ses hommes les plus fidèles et travailleurs. Tous accueillirent cette nouvelle avec joie et respect, tous sauf Steven qui fusilla de son regard noir le nouvel homme de main du patron. Le choix était pourtant si évident, car Lucas avait bien étudié le comportement d'Ethan depuis son arrivée. Le parcours de celui-ci, le petit jeune qu'il avait fallu recadrer à plusieurs reprises dès son arrivée pour son côté rebelle. Il l'avait vu faire preuve de courage dans certaines situations, d'obéissance dans d'autres occasions à mesure qu'il s'intégrait dans le groupe. Mais ce n'était pas ça qui avait permis à Walter d'avoir une grande confiance en cet homme. Ce qui lui avait plu chez lui, c'était la violence dont faisait preuve Ethan. Sa cruauté, sa froideur, sa passivité. Tout chez lui le désignait comme bras droit. Lucas voyait en lui l'arme parfaite pour exécuter les basses besognes sans état d'âme, sans hésitation, sans se poser de question. Ethan pouvait remercier ce que son propre père lui avait fait subir dans son enfance. Le goût du sang et la violence, c'était à lui qu'il les devait. Ce qui faisait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui. Dorénavant, Ethan était le porte parole de Lucas. Si quelqu'un défiait le Big Boss, il défiait son bras droit. Lucas savait que Ethan le défendrait quoi qu'il lui en coûte. Comme ce jour là, où le bras droit avait pris une balle dans l'abdomen pour sauver la vie de Walter, ce qui avait failli lui coûter la vie. Le temps passa, et l’homme ne fit jamais défaut au patron, celui-ci gardant respect et confiance dans son meilleur élément. Il veillait au bon fonctionnement de leur trafic, laissant Walter rendre des comptes à ses propres supérieurs qui géraient une organisation plus vaste, tandis que son bras droit vérifiait que le travail était fait, et que les autres bandes rivales dans la ville n'empiétaient pas sur leur territoire. Ethan ne craignait pas d'aller au conflit avec les autres gangs qui s'occupaient des autres quartiers de Houston, afin que chacun s'occupe de son propre business sans perturber celui des autres.
Le bras droit impitoyable
Ethan tournait lentement autour de Roy Levinson tel un prédateur, ce dernier attaché à une chaise, les mains entravées sur les accoudoirs. L'homme pleurait encore et encore, terrifié devant le bras droit de Lucas. Il savait ce qui l'attendait. Ethan s'immobilisa face à lui, son regard glacial posé sur le malheureux. Derrière ce-dernier, trois hommes restaient parfaitement immobiles, les mains dans le dos, attendant les ordres de leur chef. Si Stanton et Cooper regardaient le sol, intimidés par les actions d'Ethan, Wright fixait le bourreau et sa victime sans les quitter des yeux.
« Tu sais ce qui va se passer si tu ne parles pas ? »« Pitié, je vous jure ! Je ne sais rien ! »L'homme avait beau secouer la tête en affirmant n'être au courant en rien de la trahison de Trax, un trafiquant d'armes, Ethan n'en croyait rien. Les menteurs, il savait les détecter. Il savait les cuisiner. Et il savait les faire craquer. Cela faisait plusieurs années qu'il s'adonnait à ce petit jeu. Trax devait faire affaire avec Lucas pour une importante vente d'armes. Mais quelqu'un était parvenu à attirer l'attention du trafiquant pour qu'il annule son contrat. Cette personne savait qu'une vente était en cours de négociation, et il avait tout fait échouer, avant de récupérer le contrat. Lucas était furieux, et Ethan allait retrouver cette personne. Roy savait quelque chose, et s'il fallait lui arracher chaque membre pour qu'il parle, il le ferait sans hésiter.
« Ce n'est pas ce qu'on m'a dit. Tu mets ma patience à rude épreuve, et je n'aime pas perdre patience. »Son air impassible le rendait encore plus menaçant que ses paroles, et sa victime eut un nouveau sanglot.
« S'il vous plait ... »Ethan s'empara alors du pouce droit de Roy, et d'un coup sec, il le tira en arrière, provoquant un horrible craquement lorsque les os cédèrent. Roy hurla de douleur en tentant vainement de se débattre. Voyant qu'il continuait de se murer dans le silence, Ethan s'occupa de l'index. Puis du majeur, savourant la torture qu'il infligeait à l'un de ses ennemis.
« Arrêtez ! Je vous en prie ! »« Alors dis moi tout. Qui a été voir Trax ? Parles, sinon, je continue à te briser les doigts, puis je m'occupe de ta main gauche. Et ensuite, ça sera tes pieds si tu refuses de dire ce que je veux entendre. »Un nouveau silence brisé par quelques sanglots. Ethan précipita les choses en brisant l'annulaire, ce qui arracha un nouveau cri à Roy.
« Je vais tout vous dire ! Tout ce que vous voulez ! Mais arrêtez !!!»Le bourreau délaissa la main meurtrie du malheureux, et se redressa, les bras croisés contre son torse.
« J'attends. »« C'est Desmond ! Desmond Markham ! C'est lui qui a été voir Trax, et qui vous a doublé ! Il savait tout du contrat ! Il a fait une proposition plus intéressante à Trax ! »Ce petit bâtard de Desmond, une ordure que l'homme de main du Big Boss connaissait, pensant qu'il s'agissait d'un simple petit dealer. Lucas n'allait pas apprécier ça. Il voudrait sa tête, et Ethan se ferait un plaisir de la lui apporter.
« Où est Desmond ? »« Je l'ignore, je vous le jure ... »Ethan s'impatienta, et brisa l'auriculaire, seul doigt de la main droite qui était resté intact jusqu'à présent. Maintenant qu'il en avait fini avec cette main, il se dirigea vers la gauche, saisissant déjà le pouce, se préparant à le retourner à son tour. Roy eut un sursaut de terreur, et retrouva la parole.
« Pitié ! » lança-t-il entre deux cris.
« Il se cache dans l'entrepôt de la 6ème avenue ... avec quatre de ses hommes ! »« Tu vois quand tu veux. »Ayant eu ses réponses, Ethan n'avait plus de raison de torturer le malheureux. Il lâcha le doigt, et recula d'un pas.
« J'ai répondu à vos questions. Laissez-moi partir, je vous en supplie. »« Bien sûr, je n'ai plus besoin de toi, j'ai ce qu'il me faut. Tu vas pouvoir t'en aller. »Roy soupira de soulagement, les larmes continuant de couler sur ses joues. Il remerciait le seigneur, tandis que Ethan le contournait en regardant Steven. Il finit par se retrouver derrière Roy, sortit un pistolet, visa la nuque du malheureux et appuya sur la détente, froidement. Le claquement retentit dans la pièce, et la tête de la victime tomba mollement sur ses épaules. Ethan rangea son arme, et s'éloigna en s'adressant à ses hommes de main de sa voix autoritaire et glaciale, sans les regarder.
« Nettoyez-moi ça ! »Pendant que ses hommes se débarrassaient du corps, Ethan sortit du bâtiment, et alluma une cigarette qu'il savoura lentement. Il ne laissa rien paraitre quant aux actions qu'il avait eu à l'encontre de Roy, nullement perturbé d'avoir abattu un homme de sang froid. Ces choses là, il les avaient fait plein de fois. Et le voilà adossé contre le mur, tirant sur sa cigarette, à attendre les autres pour poursuivre sa tâche.
Comme convenu, Ethan fit une descente dans la cachette de Desmond. Après des échanges de coups de feu, il exécuta le traitre et ramena son corps à Lucas comme preuve. Le bras droit de Walter obéissait aux ordres de son patron, effectuant toutes les tâches qu'il lui confiait. L'homme était la meilleure personne de confiance qu'il avait sous la main, mais même l'expérience d'Ethan ne parvint pas à contrecarrer ce qui allait se passer. Un jour, alors que Lucas, Ethan et quelques-uns de leurs hommes effectuaient une transaction lors d'une vente de drogue avec une autre organisation criminelle, le FBI débarqua soudainement en nombre. Un flagrant délit, voilà tout ce que ces derniers voulaient pour mettre fin aux agissements des Hellsons. Certains tentèrent de s'échapper, en vain. D'autres ouvrirent le feu, comme Ethan, pour essayer de fuir en ralentissant leurs ennemis. Mais les agents spéciaux gagnèrent la partie. A couvert derrière un renfoncement mural, Hawkins tirait au hasard pour faire reculer les assaillants, tout en cherchant une échappatoire. Mais il fallait admettre une chose : il était piégé. Devant la tournure catastrophique des événements, Lucas fut le premier à abdiquer. Et bien qu'il n'en avait pas du tout envie, Ethan lâcha également son arme pour se rendre, en colère contre lui même de s'être fait voir. Il fut arrêté, tout comme le Big Boss et quelques autres membres du réseau dont Wright, Cooper, et son ami d'enfance William.
La fin de la liberté
Ethan restait là, assis sur sa chaise, les mains menottées jointes, posées devant lui sur la surface de la table. Aucun son n’était sorti de sa bouche depuis qu’il avait été emmené dans cette pièce. Pas même lorsque l’Inspecteur du FBI était entré à son tour, près de quatre heures auparavant, à lui poser des questions. Devant le mutisme de l’homme, l’Inspecteur avait fini par sortir, le laissant seul un long moment comme s’il cherchait à tester l'impatience d'Ethan. En vain, car l'homme restait stoïque, impassible. Puis, il revint enfin, un dossier sous le bras, une tasse de café chaud dans la main. Il s’installa à sa place, et posa doucement le dossier sur la table.
« Vous êtes disposé à parler, maintenant ? Je vous le conseille. »Ethan n’eut qu’un simple regard pour lui, sans sourciller.
« Bien, vous faites semblant de ne pas savoir ce qu'on vous reproche. Permettez-moi de vous dire que cette attitude ne vous aidera pas. »« Arrêtez votre baratin. Vous n’avez rien contre moi ! » lança Ethan avec un petit sourire narquois.
« Vous croyez ? Nous avons amassé suffisamment de preuves contre vous. Vous ne vous en sortirez pas, alors avouez ! C’est la seule chose que vous avez à faire. »Ethan resta calme, serein, afin de ne donner aucune satisfaction à son interlocuteur.
« Je ne vois pas de quoi vous parlez. »« Vous êtes sûr ? Avant d'aller plus loin, sachez que votre réseau était infiltré par l'un des nôtres depuis plus de trois ans. Quelqu'un de votre entourage proche. Et grâce à lui et à une enquête de plusieurs années, nous avons tout ce qu'il faut, en particulier contre Lucas Walter. Et contre vous. »Ethan eut un froncement de sourcil en entendant parler d'un infiltré. De qui l'enquêteur voulait-il parler ? Qui était cette taupe ?
« Je vais vous rafraîchir la mémoire. »L’Inspecteur poussa lentement le dossier en direction d’Ethan. Ce dernier scruta l'homme pendant quelques secondes, sans bouger, avant de finalement attirer le dossier à lui, faisant tinter la chaîne qui le retenait à la table. En l’ouvrant, il découvrit plusieurs photos le représentant. L’une aux côtés de Walter. Deux autres où il est en train d’exécuter froidement Roy Levinson et Desmond Markham. Et d’autres encore qui l’incriminaient des plusieurs délits et crimes dont on l’accusait. Maudite taupe, s’il avait su qui était cette personne, il l’aurait étranglée de ses propres mains. La strangulation plutôt qu’une balle dans la tête, pour faire durer l'agonie.
« Est ce que ça vous revient ? Bien entendu, nous avons d’autres preuves que je me ferais une joie de vous présenter si ce dossier ne vous convainc pas. Ainsi que des témoignages. Certains de vos amis sont plutôt bavards lorsqu'on les bouscule un peu. En particulier Steven Wright, il s'est montré particulièrement loquace pour vous balancer. Je pense qu'il vous déteste à tel point qu'il a préféré conclure à un accord avec son avocat, en échange d'informations à votre sujet. Nous savons tout sur vous : trafics, vols, enlèvements et séquestrations, tortures, assassinats. Vous avez un beau palmarès à votre actif. Et vos exploits pendant votre adolescence ne vont pas jouer en votre faveur. »L’enquêteur fixait Ethan avec un sourire satisfait sur le visage. Il avait gagné, et tous deux le savaient. Hawkins lâcha la photographie qu’il tenait à la main, et se laissa aller contre le dossier de sa chaise, tirant légèrement sur la chaîne de ses menottes reliées à la table.
« Je veux un avocat. »Le sourire de son interlocuteur s’agrandit, et il but une gorgée de café.
« Comme vous le voulez, Monsieur Hawkins. C'est votre droit » dit-il avant de se lever. Il ramassa le dossier, et quitta la pièce.
L’arrivée de l’avocat ne sauva pas Ethan. Il le défendit comme il put pendant le procès, mais l’homme fut reconnu coupable de tous les chefs d’inculpation à son encontre en 2032. Notamment pour assassinat, ce qui lui valut la peine capitale. Ethan fut envoyé à la prison de Allan B. Polunsky Unit, aux abords de Livingston, en attente de son exécution qui pouvait prendre des années, peut-être même 15 ou 20 ans après une longue attente en isolement. Pendant près de deux ans, Ethan resta enfermé dans une petite cellule, avec pour seul mobilier un lit, une table et des toilettes. Près de deux ans à tourner en rond dans sa cage, seul, sans parler à personne d'autre que le gardien qui lui apportait ses repas, ou qui l'emmenait en promenade pendant que les autres prisonniers étaient rentrés dans leur geôle afin d'éviter tout contact, ou dans la salle de sport, seul, pour qu'il maintienne sa condition physique. Près de deux ans en solitaire à endurer l'attente de son recours pour annuler la peine de mort comme une lente agonie, à commencer à parler à voix haute, à souffrir peu à peu de cet isolement qui le tuait à petit feu aussi bien que l'injection létale qui l'attendait. Des conditions qui rendraient fous n'importe qui, même les plus forts et les plus résistants. Cette folie commençait peu à peu à attaquer l'esprit d'Ethan, ce dernier se replia sur lui-même, se plongeant tantôt dans une longue période de mutisme, tantôt dans une longue conversation avec lui-même, comme s'il entendait des voix. L'homme pensait que l'isolement ne faisait que commencer. Mais tout changea en 2034, en l'espace d'un mois, lorsque le monde bascula dans l'horreur.
La fin du monde
Les yeux fixés sur la télévision, le geôlier secoua la tête. Cela faisait trois jours que le même message apparaissait sur l'écran, sans aucun changement. Un simple message disant que la diffusion des programmes était interrompue. Toutes les chaînes affichaient ce même message, comme si tout était coupé. Les dernières images diffusées étaient celles d'un journaliste filmant les rues de Houston en proie à la panique. Puis, l'image s'était soudainement arrêtée, laissant place à ce message officiel. Depuis, plus rien. Même constat avec la radio, il n'y avait que des grésillements.
« On s'en fout des prisonniers. Je veux retrouver ma femme et ma fille, et les conduire loin d'ici avant qu'il ne soit trop tard ! Ces monstres ne sont pas encore arrivés ici, c'est le moment d'agir ! »Le second gardien soupira, reconnaissant que son collègue avait raison. Pourquoi rester dans cette prison à surveiller les détenus, alors qu'à l'extérieur, des choses effrayantes se passaient ? Cela faisait environ presqu'un mois que la presse parlait de gens qui en attaquaient d'autres avec une rare sauvagerie. Et le phénomène gagna rapidement de l'ampleur, à tel point qu'une très grande partie du pays était touchée, en particulier les Etats du Nord, et cela se répandait rapidement. Pourquoi rester ici à faire leur travail, à risquer leur vie, à attendre que ces morts vivants arrivent au Texas, et déferlent à Livingston, les condamnant à mourir à leur tour ? Il fallait fuir tant qu'il en était encore temps.
« Tu as raison, on a rien à faire ici. Je ne vais pas mourir pour eux. Je vais prévenir les autres. »La rumeur des attaques parcourut l'ensemble de la prison, les gardiens se mettant d'accord pour fuir l'établissement et rentrer chez eux. Ils n'avaient aucun remord à abandonner les détenus à leur sort. Cependant, plusieurs prisonniers, qui avaient déjà eu vent des rumeurs de l'extérieur grâce à des proches, arpentaient la cour pour leur balade quotidienne. Certains entendirent les conversations de gardiens qui les surveillaient. Comprenant que ces derniers allaient fuir, ils réagirent aussitôt, s'en prenant à l'un de leurs geôliers, le retenant en otage. Ils provoquèrent une mutinerie avec les autres détenus, afin de pouvoir accéder à la salle de contrôle de la prison. Allan B. Polunsky Unit était un établissement moderne. Pas de clé pour ouvrir une porte ou une cellule. Tout était informatisé, bourré d'électronique. Soit disant pour améliorer la sécurité, et empêcher les détenus de s'en prendre aux gardiens pour leur voler leur trousseau de clé en cherchant à s'évader. La salle de contrôle était le salut des détenus pour leur liberté. De cette pièce, obligeant leur geôlier à les aider, les prisonniers purent ouvrirent l'ensemble des portes du bâtiment. La porte principale. Les portes des couloirs. Mais également, les portes des cellules, même celles des condamnés à mort. L'objectif était de retrouver la liberté à tout prix, peu importait qui réussirait à s'enfuir. Rapidement, ce fut la panique dans la prison. Gardiens comme prisonniers se jetèrent au dehors de l'établissement à toute vitesse, comme s'ils avaient la mort à leurs trousses.
Ethan fut surpris de voir la porte de sa cellule se déverrouiller seule, sans geôlier derrière. Isolé du monde extérieur, l'homme ignorait ce qui se passait en cet instant dans la prison. D'abord hésitant, pensant qu'il s'agissait d'un piège, il finit par sortir prudemment, s'attendant à chaque instant à ce qu'un gardien se jette sur lui pour le frapper avec son tonfa. Mais rien ne se passa. Il n'y avait personne. Seuls des échos de voix résonnaient au loin, quelque part dans la prison pendant la mutinerie des autres prisonniers. Ethan arpenta les couloirs, les sourcils froncés de voir chaque porte non verrouillée, comme celle de sa propre cellule. Il se dirigea vers la sortie, tombant de temps en temps sur un corps au sol. Dans leur fuite, détenus et gardiens s'étaient affrontés, quelques-uns avaient perdu. L'homme ne chercha pas à savoir s'ils étaient morts, ou simplement inconscients. Il se contenta simplement de palper les corps, pour voir s'il trouvait quelque chose d'intéressant. Les autres avaient dû passer par là, car il ne trouva rien d'utile. Aucune arme, mais il fallait s'en douter. Les geôliers ne portaient jamais d'armes létales. Là, un tonfa oublié. Ethan s'en empara aussitôt, ravi d'avoir trouvé de quoi se défendre. Il tomba sur un autre prisonnier qui courait comme un dératé, et il le suivit jusqu'à la sortie. La liberté. Le monde extérieur. Ethan ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Une simple mutinerie ? Mais pourquoi les gardiens n'avaient-ils pas répliqué ? Pour quelle raison le système de verrouillage des portes avait-il été désactivé ? Peu lui importait, le voilà libre. Alors, comme toutes les personnes présentes dans la prison avant lui, Ethan chercha à partir. Il y avait encore des voitures sur le parking. Certaines devaient appartenir aux pénitenciers qu'il avait vu dans la prison. Ils n'en auraient plus l'utilité. L'homme s'approcha d'un pick up, et soupira en voyant qu'il était verrouillé. Il s'empara alors d'une pierre, et brisa la vitre, ce qui lui permit de monter à bord. Ayant déjà fait ça par le passé, il parvint à faire démarrer le véhicule grâce aux fils. Puis, il prit la route, sans savoir où aller, avant de voir un panneau de direction : Livingston, 6 miles, par la route 350. C'est là qu'il décida d'aller.
En arrivant en ville, Ethan constata que l'ambiance était étrange. Inquiétante. Il voyait de nombreuses personnes remplir leurs voitures de bagages, et fuir rapidement. Certaines maisons étaient déjà vidées de leurs occupants. L'homme se gara devant l'une d'entre elles, dont la porte était grande ouverte, et descendit de voiture. Il vit les voisins s'affairer autour de leur véhicule, crier sur les enfants pour leur dire de se dépêcher, fuir sans se retourner. Personne ne faisait attention à lui. Quelque chose de grave devait se passer, car la présence d'un grand gaillard comme Ethan, vêtu de la combinaison orangée de prison, armé d'un tonfa, se baladant sur une allée menant à une grande maison, cela aurait dû attirer l'attention des voisins. Mais tout le monde s'en fichait. Au loin, l'ancien prisonnier entendit une voix dans un haut parleur. Un message d'alerte était diffusé dans la petite ville, demandant à tout le monde d'évacuer les lieux sans attendre. Intrigué, Ethan entra dans la bâtisse sans aucune gène. Les occupants devaient être partis depuis peu, car il y avait encore du matériel de valeur. Télévision, ordinateur, et même des bijoux qui trainaient. Aucun voleur n'était encore passé par là. L'homme en profita pour chercher la salle de bain, où il put faire un rapide brin de toilette. Il n'avait aucun scrupule à prendre ses aises dans un domicile qui ne lui appartenait pas. Il s'en fichait complètement, car les propriétaires avaient visiblement abandonné les lieux, vu les nombreux tiroirs et placards ouverts, comme s'ils avaient fait leurs valises en vitesse. Ethan se dirigea ensuite vers la chambre à coucher, et trouva quelques vêtements un peu usés dans la penderie. Par chance, certains lui allaient, même s'ils n'étaient pas de toute première jeunesse. Il troqua donc son uniforme orange contre un pantalon, un tee shirt et un sweat à capuche. Par la suite, il alla dans la cuisine, et regarda dans le réfrigérateur. Il restait quelques aliments dont il s'empressa de manger, ayant faim. Les placards avaient été visiblement vidés, il ne restait plus que quelques boîtes de conserve, comme si les occupants n'étaient pas parvenu à tout emmener. Quel genre de personnes ferait ça ? Abandonner sa maison sans fermer la porte, à embarquer le plus de vêtements et de provisions possible ? C'était à n'y rien comprendre. Ethan alluma la télé, mais rien ne s'afficha sur aucune chaine. Même chose pour la radio.
« Mais qu'est ce qui se passe, putain ?! » lança-t-il dans un murmure pour lui-même, sans comprendre.
Alors qu'il se tenait devant la fenêtre, quelque chose attira son attention à l'extérieur. Une ombre venait de passer dans la rue. Ethan sortit aussitôt, et il remarqua alors le calme des lieux, excepté le message dans les hauts parleurs qui continuait de tourner. Les voisins avaient visiblement terminé leur préparatifs, et s'étaient volatilisés. Il ne restait plus personne dans le quartier. Sauf un homme, qui marchait précipitamment, un gros sac dans les bras. En l'observant, Ethan comprit de suite que celui-ci emportait un butin récemment trouvé.
« Et toi ! Attends ! »L'individu sursauta, pris de panique, comme s'il venait de se faire prendre sur le fait. Il se tourna vers Ethan, serrant le sac contre lui d'une main. Dans un réflexe défensif, il sortit un petit couteau avec sa main libre, et le pointa en direction d'Ethan.
« Qu'est ce que tu veux ??? T'as pas intérêt à toucher à ça, c'est à moi ! »Ethan ne chercha pas à avancer vers l'homme. Il n'en avait rien à faire de lui, mais il ne voulait pas mourir ici. D'autant qu'il avait laissé le tonfa dans la maison.
« J'ai pas envie de toucher à tes affaires. Mais bordel, j'aimerais comprendre ce qui se passe ! C'est quoi tout ce merdier ? Pourquoi tous les gens sont partis ? »L'homme fixa Ethan comme si ce dernier se moquait de lui. Il jeta un oeil autour de lui, suspicieux, avant de regarder à nouveau son interlocuteur.
« T'es pas au courant ? Mais d'où tu sors, toi ? »Voyant que Ethan se murait dans le silence, évitant de répondre à sa question, il reprit la parole.
« Il y a des morts partout, ils attaquent les vivants. Un conseil : trouve toi une arme et de la nourriture, et fous le camp d'ici avant qu'ils arrivent ! Sauf si tu veux crever comme les autres. »Sur ces mots, l'homme fit demi-tour, et partit en trottinant. Ethan le regarda sans bouger, réfléchissant à ses paroles.
« C'est quoi, cette histoire ? Il est cinglé, ce type ... »Ethan retourna dans la maison, mais il ne voulut pas s'y attarder. Bien qu'il prenait l'individu pour un fou, il chercha dans la résidence des choses qui lui seraient utiles. A commencer par un sac à dos, où il glissa les dernières boîtes de conserve qu'il trouva, de l'eau, des aliments périssables. Puis, il prit le tonfa, et retourna au pick up. Sans attendre plus longtemps, il démarra et quitta la ville, croisant d'autres véhicules faisant la même chose.
La mort nous attend tous
Une semaine plus tard, alors qu'il roulait vers l'Ouest, Ethan se rendit compte que le réservoir était presque à sec. Il devait trouver de l'essence. Depuis qu'il avait quitté Livingston, l'homme avait passé son temps à bouger, restant seul car il ne voulait voir personne. Son séjour en prison l'avait rendu plus solitaire que jamais, et il préférait se débrouiller seul. A mesure que le temps passait, il avait fini par croiser ce qui terrifiait tout le monde. Les morts qui marchaient et attaquaient quiconque passait à leur portée. Ethan avait rapidement compris qu'il valait mieux éviter les villes, car ces monstres s'y regroupaient en nombre. Passant plusieurs jours à errer, à piller des bâtiments pour trouver des vivres, à trouver des endroits où dormir, sa route finit par le mener dans une station service déserte, pour espérer trouver de l'essence et quelque chose à manger. Mais son manque d'expérience avec ces créatures signa sa perte. Alors qu'il entrait dans le bâtiment, avec le plus de prudence dont il pouvait faire preuve, le tonfa à la main, Ethan avança lentement entre les rayons. Il fut alors surpris par un zombie caché derrière une étagère, et il parvint à le repousser après lui avoir donné un violent coup de pied au niveau du thorax. Attiré par le bruit, un autre mort vivant se jeta sur lui, l'obligeant à lâcher son arme, et le renversa au sol. L'homme se débattit avec le plus de force possible, submergé par l'adrénaline qui lui donna un coup de fouet, tandis que le monstre cherchait à le dévorer. Alors qu'il essayait de repousser son adversaire, Ethan plaça malencontreusement son bras gauche entre lui et la mâchoire purulente. Il poussa un cri lorsque les dents du zombie s'enfoncèrent dans sa chair, déchirant le tissu de son sweet qui ne le protégea pas. Il lui donna aussitôt un coup de son poing droit dans la tête de son assaillant pour tenter de le faire lâcher prise. En vain, car le rôdeur ne céda pas. La pression sur son poignet se fit de plus en plus forte, tout comme la douleur ressentie. Sa main libre tâtonna le sol à côté de lui, cherchant quelque chose qui pourrait l'aider à se débarrasser du monstre. Lorsque ses doigts se refermèrent sur le tonfa qui se trouvait près de lui, l'homme ne réfléchit pas davantage, et il rassembla ses forces avant de frapper violemment la tête du zombie. Le rôdeur ne lâcha pas sa prise pour autant, et Ethan du le frapper encore et encore, fracassant son crâne malgré cette douleur qui enflammait son bras. Après de longues secondes de lutte, les mâchoires de la créature se relâchèrent légèrement, cédant enfin aux coups, et Ethan en profita pour recula son bras afin de le faire lâcher prise. Il hurla à cause de la souffrance ressentie car les dents du monstre arrachèrent un morceau de chair de son poignet, laissant le sang couler à flot. La douleur était intense, mais l'homme tint bon et repoussa encore le zombie dont la tête était à moitié fendue, rendant ses gestes plus lents à mesure qu'il mourrait. Après avoir été complètement libéré de son emprise, Hawkins recula en rampant sur le sol, tenant sa main ensanglantée et douloureuse contre lui. Il finit par se redresser tant bien que mal en s'agrippant aux étagères, chancelant, et parvint à fuir vers la sortie avant qu'un autre rodeur ne lui tombe dessus, alerté par ses cris de souffrance. Sans réfléchir, son corps toujours envahi par l'adrénaline, il remonta à bord du pick up pour s'éloigner la station service, le coeur battant à tout rompre dans son torse, comme si ce dernier cherchait à sortir de sa cage thoracique.
A peine vingt minutes plus tard, l'état de santé d'Ethan se dégrada à cause de sa blessure. Se sentant épuisé, ne parvenant pas à conduire correctement en manquant de faire plusieurs sorties de route, il dut s'arrêter sur le bas côté et couper le moteur. Puis, il se laissa aller contre le siège, fermant les yeux quelques secondes. Il en avait vu des horreurs dans sa vie, il en avait commises. Mais cette attaque dans la station service, c'était sans doute la première fois qu'il avait ressenti autant de peur, du moins depuis son enfance, quand il était face à son père violent. Il revoyait les zombies l'assaillir, et après avoir rouvert les yeux, Ethan leva sa main gauche à hauteur de son regard, observant le tissu de son sweet rouge de sang et déchiré. La douleur était bien présente, et maintenant qu'il en prenait pleinement conscience, c'était comme si elle se diffusait soudainement dans son corps. L'homme remonta la manche, gémissant au moment où le tissu passa sur la blessure. L'intérieur de son poignet était en sang, et il manquait un bon morceau de chair. La morsure du monstre l'avait entaillé presque jusqu'à l'os, tout son bras irradiait d'une douleur vive, comme s'il était en feu.
« Merde ! »Le sang continuait de couler, provoquant cette faiblesse qui le gagnait peu à peu. Avec beaucoup de difficulté, Ethan retira son sweet, retenant un cri lorsque le tissu frotta contre la blessure. Puis, il enroulant tant bien que mal le vêtement autour de son poignet avant d'appuyer dessus, comme si cela suffirait à arrêter l'hémorragie. Au fond de lui, l'homme savait qu'il était fichu, et que sans soin, il allait continuer de se vider de son sang. Mais un autre détail lui vint en mémoire. Il ne connaissait pas grand chose sur les zombies pour ne pas les avoir affrontés plus que ça. Cependant, il savait parfaitement que si on se faisait mordre ou griffer par ces créatures, la mort arrivait en quelques heures, après une lente agonie. Les dents du monstre avaient pénétré la chair, le mal était fait. Même s'il parvenait à soigner cette blessure, il ne s'en sortirait pas. Ethan était condamné, il le savait, et des larmes lui montèrent aux yeux. Des larmes de rage et de frustration à l'idée que sa vie s'achevait ici, après ce qu'il avait vécu, envahirent ses yeux bleus. En colère contre lui même, Ethan frappa plusieurs fois le volant, se défoulant sur lui jusqu'à ce qu'il se sente encore plus faible, et qu'il se laisse aller contre le siège. Quel comble. Lui qui avait survécu à des bandes rivales, à une balle dans l'abdomen, et même à la prison. Et voilà qu'un mort vivant, une créature sortie tout droit d'un roman fantastique, venait d'avoir raison de lui. Ne sachant où aller, ni quand il allait mourir, Ethan patienta dans le véhicule, sans bouger, le regard perdu dans la contemplation de l'horizon. Le soleil se couchait devant lui, la vue était magnifique, avec le ciel embrasé par des lueurs dorées, tandis que le disque brûlant de lumière disparaissait peu à peu. Une dernière vision pour l'homme qui ne vit pas le temps fuir, perdu dans ses pensées. Combien de temps passa ? Trente minutes ? Une heure ? Plus que ça ? Il l'ignorait, et il s'en fichait. La fièvre finit par apparaitre, tout comme ses difficultés à respirer. Une douleur naquit dans son thorax à chaque respiration sifflante, et il se sentit partir lentement, son corps tremblant de tous ses membres. Finalement, épuisé par toute cette histoire, Ethan ferma les yeux et sombra dans l'inconscience qui précéda sa mort.