S'il y avait un gars qui pourrait porter la définition de mec sympa ça serait bien James. Il faisait partit de la baraque Snatch quand je suis arrivé, et de mémoire, il fait partit de la mouture des tous premiers - si on omet l'existence de Pamela, à la ferme. Il a très vite sût prendre le taureau par les cornes quand les choses ont commencé à partir en couille et c'est très naturellement que j'ai décidé de lui emboîter le pas, lui et son nouveau groupe. Sans doute parce qu'il m'inspirait confiance et que j'entrevoyais enfin quelque chose de cohérent dans ce monde incohérent.

En peu de temps, le Perchoir est devenue ce qu'il y avait de plus proche de la définition d'une famille. Malgré les emmerdes. Et puis tout est partit en vrille, moi compris. Quand il a disparu, j'ai retourné la ville entière pour le retrouver. Il était impensable qu'il s'évapore ainsi sans vengeance à accomplir. J'ai cette certitude ancrée qu'il y est resté, mais ça ne change rien à mes ambitions. Quelqu'un devra payer.

La première chose qui m'a plu chez cette fille ? Sans doute qu'elle ne ressemblait pas à toutes les autres nana qui cherchait à se donner un style. Ça partait sur un mauvais jugement, mais faut jamais rester sur les premières impressions, et honnêtement, elle a dépassé même tout ce à quoi je m'attendais. Je pense qu'en raccourcis, on peut dire qu'on était clairement sur la même longueur d'onde. Sur le terrain, on formait une bonne équipe. Pas besoin de se justifier, on se comprenait immédiatement, c'était clair et efficace. En privé, ça allait bien au-delà qu'une simple amitié - c'est une belle femme et réfléchie. Le hic ? Une sombre histoire d'infection et de contamination. Alors j'ai fais le con, pour pas changer.

Elle a été ma bouée dans ma perdition, celle qui m'a fait retrouver le bon chemin, tout comme j'ai été la sienne quand elle en a eu le plus besoin. Ensemble, on a gravi de nombreux échelons, surmontés nos peines, alignés nos convictions. Mes souvenirs me font défaut sur les véritables raisons de notre séparation, comme si, subitement, elle n'avait plus vraiment existé. Huit mois ont passé mais son souvenir reste bien vivace. Comment me résoudre à l'oublier ? Si un jour je la retrouve, j'aurais sans doute bien des choses à me faire pardonner, même si j'ignore si ce sera seulement possible.

Tout ce que je retiens d'Elizabeth, c'est qu'elle semblait assez débrouillarde. Elle savait tenir une arme, ce qui n'est vraiment pas un luxe par les temps qui court et avait visiblement la tête sur les épaules. Je pense qu'elle a été un bon soutien pour le Perchoir, le genre de personne sur qui on peut compter quand on lui confie quelque chose, mais surtout un pilier pour James. Les inséparables. Je ne connais pas grand chose d'elle ou de son passé, mais tout le monde est à peu près avare en histoire. Les souvenirs sont trop douloureux.

Quand James a disparu, le monde s'est effondré. Elle a transcendé ce qu'on nous avait affirmé impossible. J'ai perdu sa trace en même temps que celle de tous les autres.

C'était mon colloc de tente pendant quelques temps à cette époque où on dû se serrer comme des sardines dans une boite de conserve, dans la baraque Snatch. Il était sympathique, même si assez peu adapté à ce monde décharné. Un ancien routier de mémoire qui n'avait alors pas une seule fichue idée de comment tenir une arme. Il a choisi de rester avec Melody lors de la scission du groupe et moi de partir vers le Perchoir. Je sais pas vraiment ce qu'il est devenu et j'espère qu'il s'en sort.